Marlène FOUCHEY, psychologue Meyzieu - Patrick DUMAS, psychiatre Meyzieu Cabinet NeuroPsy Meyzieu

La personnalité schizoïde

marlenearts Par Le 14/06/2017

Dans Les troubles de la personnalité

Bleuler par la de « schizoïde » pour décrire une tendance à l’introspection et à l’isolement, l’absence d’expression émotionnelle, l’association contradictoire d’émoussement affectif et d’hypersensibilité et la poursuite d’intérêts vagues ou mystérieux.
 

Les critères du DSM IV
 

A . Mode général de détachement par rapport aux relations sociales et de restriction de la variété des expressions émotionnelles dans les rapports avec autrui, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes :

  • le sujet ne recherche, ni n’apprécie, les relations proches y compris les relations intra-familiales
  • choisit presque toujours des activités solitaires
  • n’a que peut ou pas d’intérêt pour les relations sexuelles avec d’autres personnes
  • n’éprouve du plaisir que dans de rares activités, sinon dans aucune
  • n’a pas d’amis proches ou de confidents, en dehors de ses parents du premier degré
  • semble indifférent aux éloges ou à la critique d’autrui
  • fait preuve de froideur, de détachement, ou d’émoussement de l’affectivité

B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une Schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques, d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble envahissant du développement et n’est pas dû aux effets physiologiques directs d’une affection médicale générale.

Il existe un continuum avec les personnalités évitantes dont la personnalité schizoïde partage le retrait social et les personnalités schizotipiques dont le schizoïde partage la bizarrerie.
 

Données épidémiologiques
 

1 à 16% de la population générale présenterait une personnalité schizoïde. Cette variabilité reflète les difficulté à établir une définition clinique claire de ce trouble. Il est probablement surestimé. En effet, il existe une difficulté à établir une frontière entre la personnalité schizoïde et les troubles schizophréniques. Ce trouble serait plus élevé chez les hommes.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

Il y a trois symptômes essentiels :

  • l’apparence pauvre : pauvreté des contacts, repli sur soi, solitude très marquée (préférence pour la solitude), difficultés de lier des contacts sociaux. Les sujets sont décrits comme solitaires, froids, distants, avec une bizarrerie relationnelle, tournés sur eux-mêmes et relativement inaccessibles.
  • Pauvreté de l’affectivité : la personnalité schizoïde est décrite comme flegmatique, semble déconnectée de son environnement social sans pour autant être considérée comme marginale ou anticonformiste.
  • Pauvreté de l’expression émotionnelle : ces individus sont caractérisés par une froideur émotionnelle qui dissimule le plus souvent une affectivité ambivalente et hyper-esthésique. Les sujets sont tout autant incapables de ressentir de la colère ou de la tendresse. Ils sont indifférents aux éloges et à la critique. On observe une richesse de la vie imaginaire qui contraste avec cette pauvreté apparente.
     

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Les personnalités schizoïdes présentent une grande incapacité à percevoir et à prendre en compte les sentiments des autres, une grande difficultés d’adaptation au cours des échanges interpersonnels.

L’humeur est monotone, marquée par un sang froid et une insensibilité permanente. Ils entretiennent des contacts distants par peur de l’envahissement. Les autres sont en effet perçus comme intrusifs, sans gène et chercheraient à exercer leur emprise. Cette perpétuelle indifférence peut, en fait, masquer une réelle souffrance, qu’il s’agisse d’un état de tension consécutif à l’obligation de contacts sociaux ou d’une humeur dépressive liée à la prise de conscience d’une singularité qui discorde avec leurs aspirations conformistes.
 

 

Style cognitif
 

Ils sont aussi avares de leurs émotions que de leurs pensées. Ils ont une forte tendance à la méditation mais aussi aux pensées abstraites voir hermétiques (non accessibles à autrui).

La perception qu’ils ont d’eux même est souvent guidée par le sentiment d’être des individus à part, ce qui les conduit à se détacher des autres. On retrouve des pensées du type :

  • je suis à part
  • je suis seul
  • à quoi bon ?
  • la vie serait moins compliquée sans les autres
  • les gens sont source de problèmes
  • je me sent vide

Ils adhèrent à des croyances mystiques ou métaphysiques bizarres.
 

Adaptation et évolution
 

L’adaptation est mauvaise sur le plan socio-professionnel et familial. Ils vont facilement se trouver isolés.

Concernant l’évolution des personnalités schizoïdes, certains auteurs rapproche cette personnalité des troubles schizophréniques. Certains considèrent en effet que la personnalité schizoïde est l’une des personnalité pré-morbides de la schizophrénie.
 

Hypothèses explicatives
 

Elles sont rares concernant la personnalité schizoïde. On peut considérer la même origine que pour la schizophrénie. Cependant, des études montrent que de nombreux schizophrènes n’avaient pas ce type de personnalité auparavant.
 

Prise en charge
 

Il est rare que le patient cherche de lui même un traitement car il ne semble pas souffrir de son état. En général, se sont les autres qui s’inquiètent du fonctionnement de l’individu.

L’objectif de la prise en charge est de réduire l’isolement social, d’apprendre au patient à développer ses compétences sociales, à élargir sa palette émotionnelle et de l’aider à mieux décoder les émotions (les leurs et celles des autres). Il existe une grande difficulté à maintenir une relation thérapeutique avec ces patients.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

 

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