Les critères du DSM IV
 

Les critères définis par le DSM IV sont :

A. Mode général de déficit social et interpersonnel marqué par une gêne aiguë et des compétences réduites dans les relations proches, par des distorsions cognitives et perceptuelles, et par des conduites excentriques. Le trouble apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :

  • idées de référence (à l’exception des idées délirantes de référence)
  • croyances bizarres ou pensées magique qui influencent le comportement et qui ne sont pas en rapport avec les normes d’un sous-groupe culturel (ex : superstition, croyance dans un don de voyance, dans la télépathie ou dans un « sixième » sens : chez les enfants et les adolescents, rêveries ou préoccupations bizarres)
  • perceptions inhabituelles, notamment illusions corporelles
  • pensée et langage bizarres (ex vagues, circonstanciés, métaphoriques, alambiqués ou stéréotypés)
  • idéation méfiante ou persécutoire
  • inadéquation ou pauvreté des affects
  • comportement ou aspect bizarre, excentrique ou singulier
  • absence d’amis proches ou de confidents en dehors des parents du premier degré
  • anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand le sujet se familiarise avec la situation et qui est due à des craintes persécutoires plutôt qu’à un jugement négatif de soi même

B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques, d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble envahissant du développement.
 

Données épidémiologiques
 

Ce trouble concerne 0,6% à 5,6% de la population générale. Ce taux peut aller jusqu’à 14,6% chez les patients apparentés au premier degrés à un sujet schizophrène.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

On a de plus en plus tendance à considérer que cette pathologie représente un symptome d’une pathologie schizophrénique avec des idées de référence, une bizarrerie du comportement et de la pensée accompagnée d’un isolement social. Le sujet se trouve fréquemment pris dans des phénomènes de déréalisation et de dépersonnalisation, ce qui l’amène le plus souvent à développer des croyance surnaturelles, croyances qu’ils tentent de faire partager aux autres (ex : capacité à communiquer avec les personnes disparues, à prédire l’avenir…). de manière plus marquée, ils peuvent penser développer des modes de communication extrasensorielles (télépathie). Ces personnes n’arrivent pas à savoir de quoi est fait la normalité.

Les expériences étranges peuvent s’imposer de façon forte, mais temporaires, tout en générant des croyances permanentes ; il s’agit alors d’un trouble schizotypique.

Si elle prennent un caractère chronique et retentissent de façon importante sur l’insertion sociale, le trouble est alors schizophrénique.

Le langage est marqué par les métaphores, les digressions et les détails inutiles.
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Le sujet est vu comme excentrique et bizarre. Il se sent étranger à lui même et aux autres. Les comportements qu’il présente l’éloignent progressivement du monde social. Ses affects se développent en vase clos, c’est à dire au cours de dialogues imaginaires. Ils sont le plus souvent marqués par leur coté inadapté, l’expression émotionnelle pouvant se faire sous forme de colères irrationnelles, de rires inattendus ou inappropiés.
 

 

Style cognitif
 

Les personnalités schizotypiques sont marquées par des perceptions inhabituelles (irruption d’ambiance, sensation de déjà vu…). Ces sujets se connaissent et s’analysent mal (manquent d’introspection). ils se sentent particulièrement faibles et vides, et les autres paraissent lointains et incompréhensibles puis peuvent leur sembler soudain intrusifs. Ces patients présentent une crainte sensitive des autres.

Les pensées des personnalités schizotypiques sont du type :

« L’important, c’est ce que je sent et ce que je ne vois pas. »

« Il y a des raisons pour tout, rien n’arrive au hasard. »

« On ne peut pas se fier aux apparences. »
 

Adaptation et évolution
 

L’adaptation est généralement mauvaise.

L’évolution se fait le plus souvent sur un mode chronique pour aller jusqu’au trouble schizophrénique proprement dit.
 

Hypothèses explicatives
 

Toutes les hypothèses citées pour ce trouble se rapportent à celles évoquées pour la schizophrénie.
 

Prise en charge
 

L’objectif de la prise en charge est d’apprendre au patient à mieux répondre aux sollicitations sociales, l’aider à nouer des relations amicales mais aussi à trier ses pensées et à faire la distinction entre la réalité et l’imaginaire.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)